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Décès de Mohamed Ali : controverse sur le lien entre boxe et maladie de Parkinson

Écrit par Dr Étienne Pot

Mohamed Ali, multiple champion du monde de boxe anglaise, s’est éteint le vendredi 3 juin des suites de sa maladie de Parkinson. Depuis l’annonce de ce décès, des médecins pointent du doigt le « noble art » responsable, selon eux, du déclenchement de la maladie chez le champion.

Un parcours sportif hors norme, une maladie apparue précocement

Pour le Dr Alain Mazaud, médecin de ring international aux 40 ans d’expérience et 4 000 combats professionnels observés, Mohamed Ali, c’est avant tout un champion inégalé, pour lequel faire un lien entre maladie de Parkinson et la pratique de son sport est tout sauf évident.

« Depuis des années, cette histoire revient, selon laquelle Mohamed Ali aurait développé sa maladie suite aux coups répétés tout au long de sa carrière », explique-t-il. Le médecin ne minimise pas les combats de l’Américain : « Mohamed Ali combattait dans la catégorie des lourds, là où les impacts sont les plus violents. De plus, il a fait beaucoup de combats et très rapprochés. »

Pas de preuve d’un lien de causalité

Mais quand on évoque l’idée d’un lien entre boxe et maladie de Parkinson, le Dr Mazaud secoue la tête : « Il n’y a aucun lien de causalité démontré entre boxe et maladie de Parkinson. » Le Dr Mazaud ne nie pas par ailleurs l’impact de la boxe sur la santé, rappelant à ce titre les encéphalopathies que peuvent entraîner les sports de contact. « La boxe, au même titre que le football américain, peut donner des lésions cérébrales identifiées qui favorisent les encéphalopathies », précise-t-il.

Le médecin reste donc très prudent sur l’implication de la boxe dans la maladie de Parkinson, pour laquelle elle serait « un facteur de risque » mais appelle à lancer des études scientifiques plus poussées, qui permettraient d’affirmer ou non le lien de causalité entre ce sport et la maladie.

L’encadrement médical a évolué et doit encore être amélioré

Le Dr Mazaud rappelle l’évolution de l’encadrement médical. Du temps de Mohamed Ali, les combats n’étaient pas autant surveillés : « Aujourd’hui, un arbitre arrête plus tôt les combats, et certains hommes de coin décident parfois eux-mêmes d’arrêter leurs boxeurs. À tel point que le vrai risque, aujourd’hui, c’est pendant les entraînements ! »

Une évolution des mentalités associée à des examens médicaux toujours plus poussés. Avant la délivrance de la licence professionnelle, comme avant chaque combat international, les boxeurs doivent aujourd’hui bénéficier entre autres d’une imagerie cérébrale et d’un examen ophtalmologique. Par ailleurs, les sportifs sont systématiquement arrêtés suite à une perte de conscience, et peuvent aussi l’être après un « combat dur ».

Pour le Dr Mazaud, il reste cependant des voies d’amélioration. Celui-ci souhaite améliorer la formation de médecin de ring et le suivi des sportifs entre les différentes boxes : « Aujourd’hui, un boxeur peut avoir fait un combat très violent de freefight, et enchaîner le lendemain un combat de boxe anglaise sans que l’on puisse l’en interdire, faute d’information. »

Il appelle donc à la création d’un « passeport transversal santé », qui permettrait de suivre le boxeur entre les différentes disciplines, un dispositif préventif qui semble aujourd’hui indispensable.

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