Les services d’urgence pédiatrique reçoivent tous les jours des enfants de 1 à 5 ans qui se sont coincés un doigt dans une porte, un placard, une fenêtre ou une porte de voiture. Le traumatisme est si fréquent que les chirurgiens lui ont donné le nom de « doigt de porte ».
Souvent sans gravité mais nécessitant parfois une intervention chirurgicale complexe, il peut entraîner des séquelles s’il n’est pas bien pris en charge. Voici quelques conseils à suivre sur les bons gestes à avoir si votre enfant vient de laisser traîner son doigt au mauvais endroit et au mauvais moment.
Attention : ne jamais poser le fragment amputé directement sur la glace pour éviter qu’il ne gèle.
Ce qu’il faut savoir… sur le bout du doigt
Du simple hématome sans conséquence jusqu’à l’amputation complète de la dernière phalange : l’accident du doigt dans la porte se traduit par des lésions plus ou moins graves. Le degré de gravité dépend de l’énergie du traumatisme, liée elle-même à la lourdeur de la porte et à la force de son mouvement (si elle a claqué, par exemple).
Les lésions peuvent concerner un ou plusieurs éléments du doigt : l’ongle, le lit de l’ongle, la matrice de l’ongle, la pulpe du doigt, et l’os. Les premiers gestes à adopter seront fonction des parties touchées et de la façon dont elles sont abîmées. En cas d’accident, il est donc nécessaire de bien observer le doigt de votre enfant.
A savoir : la plupart « des doigts de porte » surviennent chez les enfants à partir du moment où ils marchent jusqu’à l’âge de 5 ans environ. Dans la majorité des cas, c’est sur le côté de la porte où se trouvent les charnières qu’ils laissent traîner leur main.
Que faire si…
Un petit hématome apparaît sous l’ongle et celui-ci reste en place ?
Si l’hématome fait moins de 50% de la surface de l’ongle, pas besoin de consulter un médecin. Il n’y a rien à faire, sinon attendre simplement que l’ongle tombe. Ce qui surviendra au bout de 3 à 4 semaines, lorsque le nouvel ongle aura atteint une taille suffisante. Pour soulager la douleur de votre enfant, vous pouvez lui donner des antalgiques.
L’hématome fait plus de 50% de la surface de l’ongle ou si l’ongle est déchaussé ?
Il faut vous rendre directement aux urgences de l’hôpital, afin de faire explorer les plaies. Cette exploration a pour but de dresser un bilan complet des lésions et de vérifier notamment si l’os n’est pas fracturé.
Attention : parfois l’ongle reste accroché à la porte. Il est impératif de le récupérer pour l’apporter à l’hôpital. L’ongle sera replacé provisoirement pour protéger le lit de l’ongle.
Le traitement
Le chirurgien retire l’ongle sous anesthésie et regarde s’il existe une plaie du lit de l’ongle, ce qui nécessite de la réparer et de la suturer (sous intervention locale ou générale) à l’aide d’un fil très fin le plus souvent résorbable. Puis l’ongle est remis en place puis recouvert d’un pansement. L’enfant peut rentrer chez lui.
Si la matrice de l’ongle est très abîmée, il existe des risques de trouble (voire d’impossibilité définitive) de la repousse de l’ongle. Des techniques de réparation assez complexes sont alors mises en œuvre.
En cas de fracture de l’os, le foyer de la fracture est nettoyé pour éviter toute contamination bactérienne. Une broche peut éventuellement être posée pour stabiliser l’os et le fixer.
Après la visite à l’hôpital
Le pansement doit être changé deux à trois fois par semaine : la première fois à l’hôpital pour vérifier l’absence d’infection et le démarrage de la cicatrisation, puis les fois suivantes par une infirmière de ville. Passées trois ou quatre semaines, on peut laisser le doigt à l’air. L’ongle remis en place pour protéger le lit de l’ongle est alors expulsé par le nouvel ongle qui repousse.
A savoir : lors de la douche ou du bain de l’enfant, protégez le pansement par un sac plastique bien fixé au niveau du poignet.
Que faire si…
Le bout du doigt est sectionné (amputation) ?
Premier geste : protégez la plaie. Au début, celle-ci saigne beaucoup mais le saignement s’arrête rapidement. Laissez la main de l’enfant en l’air et en posez simplement une compresse fixée par une petite bande.
Deuxième réflexe indispensable : mettez le bout du doigt sectionné dans une compresse et le tout dans un sac plastique (sac de congélation, par exemple). Puis, posez le sac sur de la glace. Pas de panique si vous êtes loin de l’hôpital : le bout de doigt peut être conservé ainsi jusqu’à 12 heures
Attention : ne jamais poser le fragment amputé directement sur la glace pour éviter qu’il ne gèle.
Le traitement
L’enfant est le plus souvent hospitalisé. Il est opéré dès qu’il est à jeun et qu’un bloc est disponible. Première option réclamant une hospitalisation d’une semaine : l’ensemble du fragment est replacé. Le chirurgien réalise sous microscope opératoire une suture micro-chirurgicale des petites artères à l’aide de fils invisibles à l’œil nu.
Cette intervention délicate et très technique est pratiquée lorsque l’amputation est proximale (par exemple, quand toute la phalange est sectionnée). Quand celle-ci est moins étendue (un bout de la phalange), une seconde option est préférée : le bout du doigt est reconstruit en faisant glisser de la peau pulpaire. Le lit de l’ongle et l’ongle sont alors utilisés comme greffe. Cette technique très efficace nécessite une hospitalisation de 24 heures seulement.
Après l’hospitalisation
Une fois sorti, l’enfant est suivi en consultation à l’hôpital pour suivre la cicatrisation. Les pansements sont changés 2 à 3 fois par semaine. Les premiers sont réalisés à l’hôpital. Une fois qu’on est sûr de l’absence de complication, une infirmière de ville peut prendre le relais. Comme pour l’ongle, le doigt pourra être laissé à l’air au bout de trois à quatre semaines.
Contrairement à l’adulte, aucune rééducation ne sera nécessaire. L’enfant va peu à peu réintégrer son doigt dans ses activités.
Comment éviter que votre enfant ne se coince le doigt dans une porte ?
Les crèches et les écoles maternelles équipent leurs portes de systèmes de prévention très efficaces qu’un particulier peut aussi installer à son domicile. Deux types d’équipements existent : des profilés en aluminium qui recouvrent la porte côté charnière jusqu’à hauteur d’enfant et des systèmes empêchant la porte de se fermer. Pour en savoir plus, tapez «bloque porte» ou «systèmes anti pince-doigt» sur un moteur de recherche.
Cet article a été rédigé avec le concours du Professeur Frank Fitoussi, chirurgien orthopédique pédiatrique à l’hôpital Trousseau (Paris), Secrétaire général adjoint de la Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique. |