Sylvain Teissier, un photographe médical

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Je m’appelle Sylvain Teissier, j’ai 31 ans, je vis à Nice et je suis photographe médical au CHU de Nice. C’est un domaine de la photographie « à part » et c’est un plaisir d’en parler sur ton blog !

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Ton parcours. Comment la photographie est entrée dans ta vie ?

La photographie n’a pas été tout de suite une évidence pour moi. J’ai fait un BTS audiovisuel après le BAC. Je voulais devenir cadreur à la télé ou dans le cinéma. En cours, nous apprenions les notions de cadrage, d’ouverture ou de sensibilité avec un appareil photo. À cette époque je trouvais l’image animée plus intéressante. Mon diplôme en poche, j’ai cherché du travail. Le CHU de Nice cherchait un photographe en bloc opératoire. D’abord par curiosité, j’ai postulé et finalement j’ai eu le poste; je n’avais aucune formation médicale, je n’avais jamais mis les pieds dans un bloc opératoire. J’ai appris la photo en faisant de la photo, mais ma formation en vidéo m’a bien aidé. C’était il y a 10 ans. Depuis, la photo fait partie de mon quotidien.

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Es-tu plutôt portrait ou paysage ?

Paysage le week-end, et Portrait la semaine.

Peux-tu nous parler de ton travail de photographe en milieu médical ?

Je travaille pour plusieurs services de chirurgie (main, reconstructrice, réparatrice, esthétique, orthopédie) au CHU de Nice. Je fais des photos et des vidéos. Je suis à la disposition des chirurgiens et des équipes médicales, sur appel, pour des photos pré-opératoires, des photos de pansement pour faire un suivi clinique, des photos per-opératoires au bloc, pendant l’intervention. Je peux préparer des images, documents pour des publications scientifiques, mettre en image des cours, faire de la conception graphique pour illustrer une technique… Le métier de photographe médical est très courant aux Etats-Unis, presque tous les hôpitaux ont un service photo. En France, j’ai l’impression que c’est une exception.

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Qu’est ce qui te plait dans ce travail ?

J’adore ce travail, j’ai la chance d’évoluer dans un milieu très particulier, difficile d’accès pour le grand public, encore plus pour les photographes. C’est un domaine très photogénique, il y a toujours quelque chose d’intéressant à photographier dans un hôpital. J’ai une préférence pour le bloc opératoire où je me sens vraiment privilégié; j’ai une liberté totale du moment que je respecte le travail des médecins et les règles d’hygiène. Malgré tout je suis parfois frustré de ne pas pouvoir montrer au plus grand nombre mon travail photographique, une belle photo de veine ou de nerf en macro à f/16 n’intéresse pas tout le monde 🙂

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Matériel. Comment se compose ton sac photo ?

J’utilise deux boitiers Nikon, un D300 et un plus récent D600. Côté optiques, je travaille principalement avec un 24-70 f2,8 Sigma, un macro Nikon 105mm f/2,8, Nikon 85mm f/1,8 et Nikon 50mm f/1,4 + Flash SB900 et Flash annulaire Sigma pour la macro. Je travaille sur Mac avec Adobe Photoshop CC, Adobe Lightroom 5.4

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Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Elles sont multiples. Je trouve l’inspiration dans le cinéma, la littérature et la photographie bien sur. Je suis le travail de beaucoup de photographes sur Facebook ou Twitter. Malheureusement il n’existe pas beaucoup de sites spécialisés dans mon domaine, mis à part le blog de Øystein Horgmo qui est très intéressant.

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Ton travail. Quelle est ta photo préférée à ce jour ?

Pendant mes premières années au CHU, je me contentais de réaliser les photos scientifiques et anatomiques qu’on me demandaient. Un matin pendant une longue intervention sur la main d’un enfant de 2 ans en 2006, je me suis intéressé aux chirurgiens entre deux photos techniques et j’ai réalisé cette image. J’ai pris conscience que le bloc opératoire pouvait être un formidable terrain de jeu pour le photographe et j’ai commencé à porter mon regard dessus. J’aime beaucoup cette version noir & blanc avec ces mains d’adultes qui sortent de l’ombre et entourent cette main d’enfant.

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As-tu une anecdote à partager sur ton travail à l’hôpital ?

Je n’en ai pas vraiment, tout est planifié, il y a peu de surprises, si ce n’est que je dois répéter au moins 10 fois par jour aux patients pourquoi je prends des photos d’eux. Tout le monde prend des photos, même de leurs repas, mais faire un suivi photo d’une plaie, d’un résultat d’opération… ce n’est pas encore évident pour tout le monde !

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Ta phrase, ton conseil pour les photographes qui nous lisent ?

Pour être en contact tous les jours avec des patients qui n’ont pas choisis d’être là, ni d’être photographié, j’ai appris que mon appareil photo ne doit pas être une barrière entre eux et moi. Il faut avoir de l’empathie, se sentir concerné et toujours avoir quelques mots de réconfort. Parce que au bout de la plaie, de la jambe, du bras, il y a un humain en souffrance. Pour réussir et s’éppanouir dans ce métier il faut aimer les gens, se remettre en question sans cesse, et acquérir une bonne technique photographique.

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