AccueilRECHERCHESarcomes avancés : un nouveau traitement anticancéreux appelé Trabectédine

Sarcomes avancés : un nouveau traitement anticancéreux appelé Trabectédine

Interview réalisée par Paris Match.

Le Dr Axel Le Cesne, chef de service d’oncologie médicale à Gustave- Roussy, vice-président d’Info Sarcomes. Il rapporte les progrès contre les sarcomes des tissus mous métastasés exposés lors du Congrès de cancérologie W de l’Esmo.

Paris Match. Les bons résultats d’une récente étude sur les sarcomes des tissus mous les ont réactualisés lors du dernier Congrès de cancérologie. De quelles tumeurs s’agit-il ?

Dr Axel Le Cesne. Ces cancers, dont on recense en France 4000 nouveaux cas par an, se développent à partir des tissus de soutien de l’organisme que sont les muscles, les vaisseaux, le péritoine, les tissus gras… La localisation la plus fréquente se situe au niveau des muscles.

Selon la localisation, existe-t-il des symptômes qui doivent alerter ?

Les sarcomes des tissus mou manifestent le plus souvent au niveau d’un membre inférieur par une grosseur indolore, une tuméfaction parvenue à la taille de 7 à 8 centimètres au moment du diagnostic. Quand il dépasse 5 centimètres, on considère qu’il s’agit d’un sarcome jusqu’à preuve du contraire, et u biopsie s’impose. Pour les autres localisations, les symptômes apparaissent généralement quand la tumeur exerce une pression sur les tissus environnants ou les nerfs, entraînant une gêne ou une douleur.

Comment s’assure-t-on précisément du diagnostic ?

Dès la moindre suspicion, une biopsie à l’aiguille s’impose, sous échographie, scanner ou IRM. Malgré la multitude de types de ces cancers, la technique de diagnostic reste la même.

Selon les stades, quels sont les traitements conventionnels ?

Pour les sarcomes localisés (90% des cas au moment du diagnostic), le traitement chirurgical pour extraire la tumeur demeure incontournable, précédé ou suivi d’une radiothérapie ou d’une chimiothérapie selon les cas. Pour les sarcomes avancés, qui ont le plus souvent métastasés au niveau du poumon, du foie, des os, les protocoles standards comportent des produits de chimiothérapie et une thérapie ciblée.

Avec ces protocoles, quels résultats a-t-on obtenus jusqu’à présent ?

1. Pour les sarcomes localisés, 50% des patients sont guéris mais les autres développent des métastases à distance dans les années qui suivent le traitement initial.

2. Pour les sarcomes avancés, on ralentit plus ou moins longtemps la progression de la maladie.

Pour les sarcomes métastasés, quel est le dernier traitement que vous avez exposé lors du récent Congrès de cancérologie ?

Il s’agit d’une chimiothérapie qui a constitué un réel progrès ces dernières années, destinée aux malades en échec des traitements précédents. Elle est administrée par perfusion intraveineuse sur vingt-quatre heures, avec une molécule, la trabectédine, provenant d’un petit animal marin du fond des mers.

Quel est son mécanisme d’action ?

Elle agit en cassant l’ADN des cellules cancéreuses, ce qui les empêche de se viser et de se réparer. On lui trouve chaque année de nouveaux mécanismes d’action, notamment sur le système immunitaire. Son efficacité vient d’être confirmée par une rigoureuse étude française.

Comment s’est déroulée cette étude ?

Elle a été réalisée sur plus de 100 patients d’environ 60 ans, atteints d’un sarcome des tissus mous très avancé, en échec de leur chimiothérapie. Ce travail a été conduit avec la collaboration de 16 centres du Groupe Sarcome français et coordonné par l’hôpital Gustave-Roussy à Villejuif. La trabectédine était comparée aux meilleurs soins de support (antalgiques, corticoïdes…).

Exposez-nous les résultats.

Les bénéfices obtenus dans ces cas très graves traités par trabectédine se sont révélés importants. La durée de rémission sans progression de la maladie a plus que doublé, et même quadruplé chez les patients appartenant à deux sous-types particuliers de sarcome (60% des cas), les liposarcomes et les léiomyosarcomes.

Ce traitement avec la trabectédine a-t-il entraîné des effets secondaires ?

Au cours de cette étude, la molécule n’a pas démontré de toxicité particulière, ce qui a permis aux patients traités d’avoir une qualité de vie satisfaisante, caractérisant ce traitement par rapport aux autres. En outre, il ne fait pas tomber les cheveux, ce qui n’est pas négligeable pour nos patients.

Interview réalisée par le Magazine Paris Match

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